DE L’APRES GUERRE AU DEPART DES FRERES

Le St Pierre de l’après guerre vivra longtemps sur la lancée de ce qui a été vécu à la Visitation, y compris les peines et les difficultés « prises ensemble »: générosité de toutes sortes et enthousiasme dans la France de ces années de la reconstruction. St Pierre de Dreux va être un foyer chrétien actif pour toute la région, non seulement par sa Conférence St Vincent de Paul, mais encore en promouvant l’Action Catholique et, bien sûr, en particulier la J.A.C.

Les équipes de Frères sont alors très nombreuses: on m’avait dit en 1973 qu’il y en eut jusqu’à 22 ! Outre ceux qui ont déjà été cités, comment oublier le Frère Albert-Bruno, sous-directeur et maître de chapelle (Pierre Gamain 1900-1981), le Frère Amédée (Pierre Perroux), professeur de mathématiques après avoir été titulaire de la 5ème, de 1936 à 1973, sauf les années de prisonnier « lien entre tous les anciens élèves », selon le mot de Monsieur Adeux, son collègue en maths dans le mot d’au revoir de juin 73, qui mourra à Chartres, en 1977, quelques mois avant sa retraite d’enseignant; les deux Frères « Anthime »: Jean Huscenot, récemment décédé, et Paul Landry, toujours fidèle aux réunions des Anciens et qui enseigna à Dreux jusqu’en 1960.

Mais même si « les temps changent » peu à peu, les équipes de Frères dans les années 60 donnent encore amplement à ces éducateurs si généreux de se donner à plein au service des jeunes. C’est bien encore « l’ école des Frères ». Qu’on en juge: sous la houlette du Frère directeur Félix Foucher, actuellement retiré au Rancher, après avoir été longtemps au Pensionnat de Rouen - qui succède au Frère Ange-Bernard (après le court intermède du Frère Robert, également professeur, d’histoire, décédé en 2006), puis du Frère Renou, directeur de 1968 à 1972, les Frères se dévouent ô combien. « Plusieurs y ont laissé leur vie et leur santé » pouvait dire le Frère Michel Dumont, dans son allocution déjà citée de juin 1973. Soit comme enseignant et il faut citer là un Frère Alexis (Jean Tissier), récemment décédé, lui-même ancien élève de St Pierre, profeseur de maths, mais pas seulement: animateur d’une chorale qui vendit ses productions ! et l’été directeur de colo; un autre professeur de maths dans les grandes classes: Jean Perennou. Soit comme responsable de division, je voudrais citer deux noms pour les classes primaires: le Frère Alfred-Laurent (Paul Marchais) et le Frère Dosithée (René Le Henaff). Pour les plus grands: le Frère Didier (Simon-Pierre Verrier); au niveau des classes de 4ème, 3ème: le Frère Joseph Bazoge (Frère Aubry), présent à Dreux de 1957 à 1970 et pour les 6ème et 5ème, le Frère Michel Dumont, actuellement retiré en Bretagne, qui reprendra la charge du Frère Bazoge en 1971 et qui sera le dernier responsable de la Communauté des Frères en 1972-1973.

Mais il faut parler aussi de ceux que l’on pourrait oublier, par exemple « un Frère surveillant »: dortoirs et cours de récré ! le Frère Bardon que le Frère Dumont décrira lors de son décès en 1969 (après seulement deux années de présence à Dreux) comme « corvéable à merci ».

St Pierre, c’est un aumônier… Ou plutôt deux ! Autour de 1960, un nouvel aumônier est demandé auprès de l’évêché de Chartres: l’Abbé Marcel Ferdinand vient faire souche dans le pays drouais. Avec l’Abbé Duval, ils vont opérer une sorte de répartition: ce dernier sera en charge désormais des classes primaires.

Une école, c’est tout un corps professoral, dans lequel nombre d’enseignants s’engagent avec plus de libre choix, encore plus de conviction que d’autres autour d’un « projet éducatif ». Ainsi, dans les classes primaires, une fidèle parmi les fidèles, Mme de Goascaracdec, « une ancienne de cet enseignement libre des temps héroïques », selon l’expression de M. Adeux au pot de départ de juin 1973, institutrice en primaire de 1942 à 1973. On peut penser à M. Pierre Kohn, à Mlle Chantal Mercier, aux deux frères Delpouve et à bien d’autres… Dans les grandes classes, au niveau du collège et du lycée, comme on dit de nos jours: un seul nom, pour la longueur du bail, Pierre Marrie, professeur d’histoire géographie, de français et philo, de 1940 à 1970, mais combien d’autres professeurs auquel nous pensons, chacun de nous, et dont nous pouvons faire la liste dans notre mémoire intérieure…

St Pierre, ce sont aussi les sports et l’école a toujours tenu une belle place dans les palmarès de l’UGSEL. Tels élèves facétieux n’ont-ils pas décrété que le « J. B. » qui orne la façade du grand bâtiment (tout en sachant qu’il s’agit du nom du fondateur des Frères) doit être un monogramme à la gloire de Jean Bruck! Celui qui nous apprenait les sports et l’athlétisme comme d’autres enseignaient la physique. Et la Fête des Sports ! Splendides souvenirs !

Mais les temps nouveaux arrivent. C’est l’heure des Contrats, suite à la Loi Debré: contrat simple, puis contrat d’association. En 1967 est créé « l’Institut St Pierre St Paul » par la fusion de St Pierre et du « Cours Notre Dame » dirigé alors par les Sœurs de St Paul de Chartres. En 1967 également la mixité est introduite dans les grandes classes.(*)

1968: printemps chaud - dans mon souvenir de gamin de 11 ans. Je n’avais pas le souvenir qu’il y ait eu aucune interruption des cours en ce fameux mois de mai à St Pierre -. Cela m’a bien été confirmé, à l’automne 1999, par une correspondance avec le Frère Félix, alors directeur. Le Frère Félix ajoutait: « cela a été le fruit de la bonne entente qui régnait alors dans notre équipe éducative. »

Mais si le printemps a été chaud, l’automne sera… refroidissant… pour les Frères. En effet, quand l’école rouvre ses portes, l’Institut est entièrement sous la coupe de la Sœur Véronique Boisseau. Plus tard, sans aigreur, mais avec humour, le Frère Léon (Charles Les Ventes), encore un autre nom qu’on peut citer, responsable de la Procure, dira: « les Frères ont été mis sous le boisseau… » Cette femme de caractère avait peut-être été marquée par la lecture de biographies sur les abbesses de Fontevraud ? (Elle commandait à la fois le monastère d’hommes et celui de femmes). Ce furent des moments pénibles. Le Frère Renou qui avait été appelé pour régler, entre autres, une difficile situation financière, fut donc durant quatre ans cantonné à être le directeur de ce qu’on appelle maintenant le niveau Collège.

En 1972, le Frère Visiteur René Mercier (Bernardin Paul), lui aussi éducateur dans le St Pierre de l’après-guerre, décide en Conseil le retrait total des Frères pour 1973. « Il n’est jamais agréable d’amener le drapeau » pourra dire le Frère Michel Dumont le 24 juin 1973 tout en voulant terminer sur une note d’espérance chrétienne: « ce qui semble être signe de mort peut devenir germe de vie pour que vive un enseignement chrétien à Dreux. »

Pour exprimer une reconnaissance des Anciens sur ces longues années survolées, je citerai encore une parole de M. Adeux dans la cérémonie de départ de juin 1973: « Dieu seul connaît le nombre incalculable d’heures de présence au milieu de ce monde de jeunes « potaches », souvent peu disciplinés mais si clairvoyants. » Cette phrase qui concernait un Frère est applicable à tous et à chacun. C’est un fait que nous les élèves nous pouvions ressentir que rien ne remplace des personnes qui se sont données pour une tâche d’éducation vécue comme une vocation. Hors de cela, une école perd vite son âme.

Jean-Marcel VEAU
Ancien élève

(*) NDLR: Un peu pus tard, aussi en primaire par la fusion avec l’Institution Jeanne d’Arc, dirigée par les Sœurs de St Paul de Chartres, après la construction d’un nouveau bâtiment.

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