LE PENSIONNAT SAINT PIERRE DE 1929 A 1973

A regarder l’histoire de St Pierre de Dreux sur la « grammaire longue », on peut placer Paul Hurel à égalité avec les époux de Couasnon: il est vraiment le re-fondateur de St Pierre, celui qui ouvre ses portes autour de la villa du député Victor Dubois à l’automne 1929.

Le premier directeur est le Frère Laurent Le Guillou. Les Frères sont, bien sûr, en civil. L’atmosphère a bien changé en France sur le plan religieux depuis la guerre de 1914 (tout le monde s’est retrouvé face aux mêmes épreuves dans les tranchées…). Mais on est encore dans la discrétion. Une photo nous montre les trois premières classes, ce sont celles qui jouxtent immédiatement la chapelle, alors préau. Début modeste.

1934: un nouveau directeur, le Frère Charlemagne-Joseph Maisoneuve. C’est à son époque qu’ont lieu les agrandissements qui donnent sa physionomie actuelle à l’école du boulevard Dubois et que le préau est transformé en chapelle, bénite en Octobre 1937 par Monseigneur Harscouët, évêque de Chartres. Deux ans plus tôt, à l’été 1935, disparaissait accidentellement sur la route des vacances Paul Hurel, cheville ouvrière du Pensionnat renaissant.

1938: après avoir assumé diverses fonctions au Petit Séminaire de Versailles (Grandchamp) et à celui des « vocations tardives » de Montmagny, l’Abbé Edouard Duval est en convalescence chez sa soeur, Mme Maillier, à Abondant, après une grave opération. Les Frères l’invitent alors à remplir pour quelques temps le poste d’aumônier de St Pïerre: il y restera 35 ans…

1939: nouveau Frère directeur, le Frère Ange-Bernard (Jean Lamoure) qui le restera près de 20 ans. Mais pour l’instant il faut déménager ! En 1940, les allemands occupent la propriété du boulevard Dubois: l’école va s’installer dans le monastère de la Visitation d’où les religieuses viennent de partir pour la Vendée. Ceci n’empêchera pas quelques Frères de venir parfois boulevard Dubois pour aider à la finition du grand bâtiment: ceci a été raconté à l’auteur de ces lignes, au début des années 70, par le Frère Aimé (Gabriel Coué) de passage à Dreux, et m’a été confirmé par le Frère Jean Lemaître qui commençait alors sa vie de religieux enseignant (conversation à la réunion des Anciens, mars 2007).

On sent bien, à écouter le témoignage des anciens éducateurs ou élèves de l’époque de la Visitation, que ce fut une période d’exception, une période « à part », à cause des circonstances: période d’occupation… et donc aussi de résistances intérieures. Puis-je rappeler, pour ne citer que cet exemple, que la « carte de résistant » trônait en belle place au Rancher, sur un des meubles de l’Abbé Duval dans les dernières années de sa vie.

Inattendu: les Frères recouvrent le droit de porter leur costume. D’où cette anecdote « inédite » que ma grand’mère m’a maintes fois racontée: à Abondant, un bruit court un jour telle une traînée de poudre : voilà la cinquième colonne ! De fait, des hommes arpentent le village de noir vêtu, jusqu’à ce que l’institutrice rassure la population: « mais, non ! ce sont les Frères quatre-bras. »

Comme en 1973-74, je voudrais citer quelques extraits de l’ouvrage du Colonel Le Ménestrel rédigé en 1947, « Dreux centre de résistance »: « le couvent (de la Visitation)… avec ses murs épais et résistants était devenu un centre d’abri. Les sous-sols, aménagés par le Frère Roland,… recevaient chaque nuit plus de 150 réfugiés, les uns à demeure, les autres s’y retrouvant seulement chaque soir. En avril 44, la défense passive devait y avoir un poste chirurgical… 220 blessés y furent soignés, des civils pour la plupart, quelques militaires américains et allemands… Le 12 août, à la veille de la Libération, les allemands réquisitionnaient tout le monastère y amenant 550 blessés… » Et le colonel Le Ménestrel d’exprimer en note « la reconnaissance que doit la Ville à cet homme d’une haute charité chrétienne (le Frère Roland), au dévouement duquel personne ne s’adressa durant ces années de guerre sans recevoir aide et assistance, parfois pour les besoins les plus pénibles. »

L’occupant ayant cessé d’occuper… St Pierre rentre dans ses murs. Une bombe ayant soufflé une villa face au Pensionnat de l’autre côté du boulevard, c’est là que de nouveaux bâtiments vont être construits en partie et sur le parc Hurel: ceux des classes primaires.

On imagine avec quel enthousiasme l’école voit arriver la date de 1948 qui marquera le centenaire de St Pierre: le Frère MAURICE, autre grande figure de l’époque, scientifique et photographe de talent, va réaliser le Film du Centenaire que nous avons eu la joie de revoir en 1973, à la journée d’hommage aux Frères, le 21 octobre.

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